éléments de langage

Litcheutcheu

mardi 21 octobre 2008

Lamelles 9 : A côté de tout

Regarde la ville s'ouvrir
Quartiers en pétales
Tard le soir
Les réverbères perturbent les lucioles
En se disant
A quoi bon briller

Les trottoirs sont polis
Les hommes bien élevés
Les femmes mystères
L'étranger se sent élu
Il n'est pas bien vu
Mais il voit bien
Loin
Les rites lui semblent risibles

Visite la région
Et la joie du supérieur
Te saisira
Touriste
Tu ris de tout
Mais ton sourire est niais
Tu ne sauras jamais
Rien connaître
Tu passeras
Hilare
A côté de tout
Ton appareil photo
En bandoulière

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lundi 20 octobre 2008

Prenez-vous en main

La course à pied est une activité exténuante mais durable. Une heure de footing deux fois par semaine et je vous en foutrais moi des kilos en trop. Disparus en un temps record - celui qu'il faut pour ouvrir une cannette de bière et s'enfiler un paquet de chips vautré sur le canapé devant TF1. Il est temps de se prendre en main - c'est une image - nous parlons des membres inférieurs et des abdominaux sur lesquels ont trop longtemps coulé moult tablettes de chocolat. Les années n'arrangeant rien, il faut bien faire un effort pour éviter de ressembler trop tôt à son propre ancêtre. Arrêter de fumer ne vous empêchera pas de mourir mais vous permettra de croupir vingt ans en maison de retraite en voyant dépérir vos petits enfants. J'ai arrêté de fumer pour retrouver du souffle lyrique. Et si aujourd'hui j'ai mauvais caractère, c'est dans un corps en voie d'assainissement.

mercredi 15 octobre 2008

PROMOTION EXCEPTIONNELLE SUR PRIX NOBEL DE LA PAIX : Mail ouvert à Thomas Gunzig, suite à sa chronique du Soir

Monsieur Gunzig,

C’est avec stupeur que j’ai achevé ce matin la lecture de votre chronique du Soir. Que vous a donc fait M. Martti Ahtisaari pour que : 1) vous amputiez d’un –t son doux prénom nordique (il devrait s’appeler Martin, comme tout le monde), 2) le traitiez de « fonctionnaire de talent", oxymore (moi l’nœud) qui parvint à m’arracher un sourire mais qui reste néanmoins une insulte faite à tout un corps de métier ayant su, au fil des décennies, élever l’incompétence au rang d’art noble, 3) sous-entendiez une activité hors-norme de ses glandes sudoripares avec tout ce que cela peut entraîner comme désagréments olfactifs, 4) critiquiez son goût prononcé pour les chemisettes ? Pourquoi ne pas attaquer directement son physique de batracien sous morphine, ou sa démarche claudicante de cloporte ?

Sachez, Monsieur, que M. Martti Ahtisaari, est un ancien président de la République finlandaise, que ses faits d'armes diplomatiques les plus brillants sont d'avoir œuvré à l’indépendance de la Namibie, d’avoir conclu les négociations de paix entre le gouvernement indonésien et le mouvement séparatiste d’Aceh, d’avoir encore su présenter des propositions sur le statut final du Kosovo. Mais son mérite le plus grand est sans conteste d’avoir créé la CMI, Crisis Management Initiative ®, à savoir l’outil moderne adapté à la gestion durable des crises en tout genre, partout dans le monde, et ce, dans le respect le plus absolu du principe de précaution, et pour un prix toujours concurrentiel. Avoir fait de la gestion des conflits une activité rentable en ce temps de crise financière est une prouesse qui méritait bien un rabais sur le prix Nobel.

Bien à vous,

Nicolas de Mar-Vivo, lecteur du Soir, président de l'association de défense des porteurs de chemisettes

PS : Martti Oiva Kalevi Ahtisaari : surnommé de par ses initiales MOKA en Finlande. En finnois, Moka est un mot d'argot qui signifie "gaffe" (dans le sens de Gaston)...

lundi 13 octobre 2008

Crise : une histoire de gaz

A l'aurée de la rupture, que certains considèrent comme une marque de fabrique, la crise ne fait rien moins que laisser éclater la contradiction. Et chacun devient spectateur, chacun retient son souffle et le moindre de ses jugements. Dans ce nouvel instant de sidération qui survient bien après la fin de la sidérurgie et autres industries aussi lourdes que les temps révolus, nous vous conseillons, la sueur au front, de ne pas céder à la panique. Ne tranchez pas comme le sage médecin de l'antiquité grecque, (cf. Krisis, soit "décision"), restez plutôt dans l'expectative ; le malade en est au point de bascule : la mort ou le salut. Optez pour l'évaluation plutôt que la critique ; car la crise, chers futurs chômeurs, est avant tout le contraire d'une "précipitation" au sens physique du terme. Rien à voir avec 1929 et la peur du trou noir. Aujourd'hui plus rien ne cristallise, tout se transforme en gaz, même vos économies. N'ayez pas peur de disparaître, d'être absorbé dans une tempête, car tout est en suspens. Pas de précipitation, ni de floculation : c'est plutôt l'heure, malgré ce que prétendent quelques faux-culs en col blanc, c'est plutôt l'heure, disions-nous, où les liquidités se vaporisent. Même si vous n'avez rien, joignez-vous plutôt aux petits épargnants qui prient pour que leurs lingots évitent la sublimation. Il nous faudrait un alchimiste et sous la main nous n'avons hélas qu'une horde d'économistes. Répétez après nous :"Si les toilettes sont au fond du couloir à gauche, où est donc la sortie ?"

jeudi 9 octobre 2008

J. M. G. Le Clézio, prix Nobel de Littérature

Le Prix Nobel de Littérature 2008 vient d'être attribué à Jean-Marie Gustave Le Clézio. 23 ans après Claude Simon... Vive la République des Lettres, vive la France ! Attention, Jean-Marie : le papier bible est pour bientôt ! Le dernier livre que j'ai lu de lui est son magnifique roman Révolutions, paru chez Gallimard en 2002. Un pavé de 555 pages. Nice, au milieu de vingtième siècle, les immigrés y débarquant avec leurs blessures et leurs rêves, les premiers rapatriés d'Algérie, les souvenirs de l'île Maurice, l'exil, la recherche d'une terre : tous les thèmes de prédilection de l'auteur sont là.
"Ce n'est pas le paradis qui est perdu, c'est le temps avec ses révolutions". Bravo donc à Marcel Proust pour ce prix posthume et par procuration !

mercredi 8 octobre 2008

"De Helsinki" contre "d'Elzinski" : Kjell Westö, de Helsingfors à Passaporta

Hier soir, à Passaporta (maison bruxelloise des littératures), un écrivain svécophone de nationalité finlandaise, Kjell Westö, est venu présenter la traduction de son livre Les sept livres de Helsingfors (prix Finlandia 2006). Je ne pouvais que me réjouir d'un tel événement, moi, grand fennolâtre dans l'âme, qui ne manque jamais une occasion de saluer la richesse de la production culturelle finlandaise (suomite)... même si peu de finnois ne serait prononcé au cours de cette rencontre menée en anglais par un Flamingant fort correct. Enfin une occasion de faire connaître la Finlande à nos curieux amis belges ! J'arrive dans la salle de réception où des chaises s'alignaient en rang nombreux, mais hélas, pour n'accueillir que des postérieurs de Finlandais (fenno et/ou svécophones... les derrières ne faisant pas la différence). J'ai compté : il devait bien y avoir 3 non-Finlandais, hormis le personnel de Passaporta. L'auditoire goûta donc avec ravissement une présentation de l'exotique ville de Helsinki au début du XXème siècle, égayée par la projection de quelques clichés photographiques d'époque, avant d'écouter la voix de M. Westö répondre aux questions souvent pertinentes de son interlocuteur un poil trop loquace, puis de subir l'éternel affront du "vous avez des questions ?" On eut même droit à un discours de l'ambassadeur de Finlande qui réussit à citer le nom de Sarkozy, allez savoir pourquoi. Je me suis enfui avant les petits fours et le verre de rigueur en me disant que décidément, la Finlande intéressait... les Finlandais !
Cela dit, en tant que président de l'Association de défense du H aspiré, j'ai eu la joie de voir que le traducteur de l'ouvrage Les sept livres de Helsingfors, M. Philippe Bouquet, avait opté courageusement pour "de Helsing" (hélas "fors")... et non pas pour l'horrrrible "d'Helsinki" (prononcez d'Elzinski). Ce fut pour moi un réconfort certain, même si le "-fors" suédois (de "Helsingfors"), là où j'aurais aimé entendre un "-ki" finnois (de "Helsinki"), me peina... Je sais bien que l'auteur et les personnages de livre sont svécophones mais enfin, que vont penser les lecteurs francophones quand ils vont lire que la capitale de la Finlande s'appelle "Helsingfors", (eux qui savent bien que c'est Reykjavik)? C'est à perdre son finnois !

Kjell Westö, Les sept livres de Helsingfors, Gaïa, 2008. Une traduction moins structurale du titre original donnerait quelque chose comme "Là où jadis nous marchions".

dimanche 5 octobre 2008

Le marathon des mots : la tête et les iambes

Ce week-end a eu lieu le premier "Marathon des mots" de Bruxelles, avec comme invité d'honneur Claudio Magris (peut-être Prix Nobel 2008... on verra ça jeudi). Des lectures un peu partout dans la ville. Des gens "formidables" remerciant d'autres gens "formidables" à la cérémonie d'ouverture pour tenter de masquer l'absence d'une actrice qui aurait dû lire un extrait d'Utopie et désenchantement (du susnommé Magris)... Vu ce qu'a fait du texte l'autre intervenant inaugural, un certain Pietro Pizzuti, immense acteur de profession, on ne peut que se réjouir du raccourcissement du "massacre à la déclamation" auquel fut soumis l'auditoire consterné du Flagey Studio 1... Une inauguration de mauvais augure, me direz-vous... Par bonheur, le texte lu, sous l'amphase, résista ; et une petite improvisation du grand Magris en personne sauva la soirée. Le samedi, "nuit blanche" ET nuit de la poésie, à La Bellone, au cours de laquelle l'excellent Jean-Pierre Verheggen nous fit un peu oublier ce que l'on croyait jusqu'alors réservé aux adeptes de l'autofiction, à savoir le nombrilisme masturbatoire de nombre d'intervenants à écharpe ostentatoire malgré le trac. Résultat : jamais on n'eut plus envie de lire en silence un livre tenu secret. Le dimanche 5 octobre avait également lieu le marathon de Bruxelles, celui pour les pieds. En repensant à quelques vers, on ne peut s'empêcher de regretter que certains poètes n'aient point songé à privilégier leur carrière sportive : s'eût été meilleur pour leur santé et pour nos oreilles.

Et maintenant, chantez avec moi :

Chuis zossi poët-e
Mes os s'y prêt-ent

Com'la Félicie
De la Chanson

Mais J'ne cours pas
Qu'après la Muse
Je fais zossi
Le marathon

samedi 4 octobre 2008

Les premières pages de MANEGE

Voici l'incipit du projet Manège, en cours de rédaction.


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jeudi 2 octobre 2008

Lamelles 8 : Solfège

La musique
Massacre
Le motif
Suspendu
La note
Secrète

Sais-tu lire la clé
Fa Do de mes pensées
Profanes
Sans buter sur les signes

Sur ta portée
Mon doigt glisse

Reconnaître la mélodie
Frapper le rythme
Parler ta langue

Pour le sacre
Du solfège

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mercredi 1 octobre 2008

Lamelles 7 : Uniformité d'hiver

Les vitres
S'agitent

Les reflets
Factices
Des hommes
Aux boas
Flirtent avec le flou

Ils filent
A l'indienne
A l'européenne
Sur un décor plat

Laissez-passer
Les gens pressés
Aux relief d'ombres chinoises

A trop chercher de solutions
Les voilà qui se dissolvent

Entre les mailles de leurs réseaux
Ils glissent
Divers dans leur unité

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