éléments de langage

Litcheutcheu

vendredi 28 novembre 2008

Art poétique

"Le roman est mort" : il est temps d'inventer du nouveau avec de la chair à canon, des reliques illusoires, du prestige passé, de la violence en tube --- que reste-t-il, en ces temps analphabètes, du savoir, de l'art ? --- Si peu... Assez pour entreprendre une refonte. Je m'adresse aux fous qui croient encore aux mots - ils se comptent sur les doigts de quelques mains amies - le marché en a écrasées beaucoup, le marché a eu raison du plus grand nombre - comment faire pour produire de l'inoui sans céder à la mode, sans volonté de déranger pour déranger ? Je me demande ce que le récit peut faire... La poésie est en cage... Le théâtre, subventionné. Le cinéma, divertissement... Le net, commerce... Quelle place investir ? Les prisons ? Les écoles ? Tous les lieux où la honte règne, tous les lieux où l'amour vibre encore. Je veux m'adresser à chacun, mais mon cri est celui d'un aphone, perdu dans les milliers de pages qu'aucun doigt léché ne tourne. Qui lira ces mots ? Un Rimbaud ? Un Michaux ? Un cancre ? Pourtant, l'heure est venue. Celle de la lutte. Peut-être n'est-ce que le temps du panache, mais il n'aura pas sonné pour rien. Je suis debout.

mardi 25 novembre 2008

Chute de neige

Il neigeait sur la ville et de rares voitures dérapaient dans les virages, leur conducteur perdant le contrôle en tournant un volant déboussolé, toupies affolées sur le verglas ; de lourds flocons gorgés d'eau s'écrasaient sur le sol et fondaient en un instant, les températures n'étaient pas assez basses pour qu'une pellicule blanche se forme sur le sol ; je regardais par la fenêtre de mon bureau, mon chat dans les bras, la nuit tomber sur l'aire de jeux d'en-face où aucun enfant ne s'égayait quand soudain, je ne sais trop par quel miracle, les flocons se mirent à résister sur le trottoir, sur les branches des arbres sans feuilles, sur les pare-brise des véhicules garées le long de la chaussée ; le froid gagnait la partie et saisissait le quartier dans ses mains de glace ; les flocons se firent plus gros et plus légers, leur chute se ralentit ; la neige, en silence, recouvrit tout ; le ciel s'était assombri et le sol devint, dans ce monde à l'envers, source d'une infime lumière ; les sons s'étouffaient ; tout mouvement cessa ; tout se figea ; et je me souvins de la première fois où je fis du vélo sur une mer gelée.

mardi 18 novembre 2008

Le sens de l'honneur

En vérité je vous le dis, certains ont perdu le sens de l'honneur et renient leurs promesses de la veille. C'est une vieille rengaine au PS où l'on s'appelle par son prénom en se donnant du TU et en se souriant. Résumé du dernier épisode : Bertrand s'est retiré mais ne veut pas que Ségolène devienne reine, aujourd'hui il préfère Martine, cause pourtant de sa défaite d'hier ; Benoît, quant à lui, fait le benêt. De gauche, tout ce beau monde n'en a que l'air. La tragédie vire à la soupe opéra, les militants médisent, les responsables font les enfants et se déchirent pour être le premier secrétaire qui enregistrera la prochaine défaite électorale le regard droit. On nous dit que c'est une histoire de vision où s'opposeraient des supporters écervelés à des citoyens engagés à coller des affiches, on nous refait la querelle des Anciens et des Modernes, on nous parle de Projet mais on ne fait que se jeter des noms à la figure. Pour les idées, on repassera. On appelle les motions a, b, c, d, e mais on ne retient que la question du meneur. Qui sera le patron ? Qui fera régner la terreur ? Réponse, jeudi ou vendredi. En attendant, si le sens de l'honneur a disparu, consolons-nous comme nous le pouvons : il nous reste au moins le sens de l'humour.

Lamelles 10 : Ré/génu/flexion durable

En vérité
Nous vous le disons
Pour votre bien-
-Être
Expirez profondément
Videz vos deux poumons
Pour le prix d'un
Travaillez votre flexibilité
Durablement
Fléchissez sans céder
devant le Réel
Le client a toujours raison
Vous êtes là pour satisfaire
Le moindre de ses besoins
Désirs/lubies
Apprenez nos Valeurs par coeur
Souriez
On vous a déclaré
Bon pour le Service
À la personne
Alors ne rompez pas
Pliez
Sans réfléchir
Pour tout salaire
Vous aurez droit
Madame Monsieur
À l'expression de notre mépris le plus sincère
Estimez-vous heureux

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dimanche 16 novembre 2008

Fureur de lire 2008 : Révolutions

Voici en exclusivité le texte "Révolution de palais" écrit à l'occasion du concours de nouvelles Fureur de Lire 2008.